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5 octobre 2017 4 05 /10 /octobre /2017 06:27
L’oiseau papier
 
 
 
 
 
Julie était sans cesse en partance, n’en finissait pas d’explorer la nature, sa maison à ciel ouvert, elle y vivait heureuse et libre. Elle se frottait au vent, à la pluie, au froid, à l’imprévu, à l’insolite et même à la peur. Toutes ces expériences la fortifiaient, rafistolaient sa vieillesse avec des lambeaux d’aventure, d’enthousiasme, de pétilance, qui se transfusaient en gouttes légères dans tout son corps.
 
Il fallait la voir, la Julie, trottiner sur les sentiers, le dos bien droit, les yeux brillants de curiosité, le cœur vaste comme le monde, toujours prêt à accueillir les trésors de la Terre et les partager avec les amoureux du beau.
 
Un jour d’automne, au bout d’une heure d’errance dans un sombre bois de pins, elle se heurta à une vigne, aux feuilles desséchées, comme rissolées sous le feu ardent d’un été sec et brûlant. Mais une feuille, une immense feuille attira son regard : elle semblait vivante, habillée de rouge, de jaune et de vert. Julie s’approcha, la prit dans sa main, la caressa longuement avec une tendresse renouvelée à chaque geste. Brusquement, la feuille se détacha du cep et se mit à palpiter comme un oiseau prêt à quitter son nid et puis, tout doucement, elle s’envola, en dispersant autour d’elle, de brillants éclats de joie. Julie suivit des yeux cet étrange oiseau que ses doigts, avec amour, avaient fait naître…
 
©Michèle Freud  
 
 
 
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21 septembre 2017 4 21 /09 /septembre /2017 06:32
Le poète a toujours raison

 

 

 
 
Le soleil qui brillait par son absence depuis plus d’une semaine, désirait-il s’offrir une éclipse prolongée ? Où est-ce le brouillard qui voulait jouer un bon tour à l’orgueilleux astre solaire ? Même la lune avait disparu et la nuit évoquait un triste tableau noir. Qui avait picoré les étoiles ? Et les gens de se lancer dans des explications farfelues, d’implorer à genou une divinité pour conjurer leur peur.
 
C’était le temps de la morosité et une grande lassitude endormait les esprits. Les cinémas, les théâtres et les rues étaient vides. Chacun restait chez soi, à se morfondre devant une cheminée éteinte, engoncé dans une tunique de soucis qui était loin d’avoir la légèreté d’une mousseline vaporeuse.
 
Seul le poète osait vagabonder dans cette brume quotidienne, chaussé de pantoufles magiques emperlées de rosée. Dans ce lieu éthéré, il jouissait avec gourmandise d’un silence ouaté qu’effleurait à peine le frôlis d’une aile de hibou. Il se moquait bien des sondages de tous ces imbéciles qui prévoyaient, à très courte échéance, une énigmatique fin du monde et il écrasait avec détermination cet amas grouillant de mots nés de cerveaux déboussolés.
 
Lui, le poète, se contentait de vivre le présent, en jouant à l’homme-oiseau. Dans la fleur des événements qui ne dépendaient pas de lui, il réussissait à trouver une perle de miel, alors que d’autres n’y découvraient qu’une goutte de poison. Il voulait être disponible pour recevoir le bonheur qui apprécie particulièrement le nid douillet d’un cœur ouvert et accueillant.
 
Et le poète a toujours raison…
 
©Michèle Freud
 



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7 septembre 2017 4 07 /09 /septembre /2017 06:37
Illustration par Bertall de "La petite sirène" d'Andersen, 1876 (wikisource)
 
 
 
 
 
Ecoutez, le vent ne cesse de chanter cette histoire, une histoire de sirène et de sous-marin.
 
Il était une fois un jeune homme qui passait son temps à inventer des histoires abracadabrantesques. Un jour, il voulut se donner à fond dans une de ses aventures extravagantes dont on n’ose rêver tellement elles semblent inaccessibles…
 
Et chose des plus étonnantes, inattendues, impensables, farfelues, l’adolescent se mit à construire un petit sous-marin, toute en vitres transparentes. Par une belle matinée de printemps, des enfants qui jouaient sur la plage, remarquèrent au milieu des vagues, un drôle de bateau qui peu à peu s’enfonça dans les flots.
 
Que voulait-il ce mystérieux marin ? Il désirait tout simplement réaliser un rêve, tellement fou, tellement insensé qu’il n’en avait parlé à personne. Quel était donc ce rêve étrange ? Eh bien, il souhaitait écouter le chant d’une sirène, s’absorber dans ce chant, vivre par ce chant toute une éternité.
 
Ce marin en herbe naviguait tranquillement en eaux profondes, dans une lueur bleuâtre, parmi des poissons de toutes les couleurs, des plantes étranges et fascinantes. Il voguait dans un monde féerique où régnait un silence de cristal. Soudain, il l’entendit enfin, ce chant rêvé, cette mélodie harmonieuse, enchanteresse, cette voix encore plus belle que la plus belle des voix humaines. Il but comme un précieux nectar toutes ces notes de musique. Il s’en imprégna, il s’en enveloppa. C’était un régal, une jubilation de tous ses sens. En même temps, il ressentait dans tout son être une douceur quasiment magique. C’est dans cet état d’euphorie qu’il l’aperçut, la sirène, sublime vision qui paracheva l’enchantement. Attirée par ce curieux bateau qui ressemblait à un gros poisson blanc, elle se rapprocha, peu à peu. Alors, il se virent mieux, ils se regardèrent, il se découvrirent, ils s’émerveillèrent. Il la trouva belle : sa peau avait la fraîcheur et la délicatesse d’un pétale de rose, dans ses yeux fleurissaient des bleuets et ses longs cheveux d’ébène portaient une couronne d’anémones.
 
Elle le trouva beau avec ses cheveux blonds, lumineux comme un soleil et sa drôle d’écharpe verte autour du cou.
 
D’un bond, la sirène vint tout près de la paroi de verre, elle étendit ses mains contre les mains du jeune homme, mit sa joue contre sa joue, ses lèvres contre ses lèvres. Mais comment s’aimer d’avantage ? Un mur transparent, infranchissable, les séparait. Mais un mur qui pouvait se briser…
 
D’un côté, la vie, de l’autre, la mort. Le marin n’hésita pas. une seule étreinte, mais pour l’éternité… 
 
©Michèle Freud




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24 août 2017 4 24 /08 /août /2017 06:33
Photo J.Dornac©
 
 
 
 
J’aime les fleurs sauvages, surtout les coquelicots. Mais j’ai aussi beaucoup de tendresse pour les marguerites. Pourquoi ? Parce que leurs longs pétales ressemblent à des oreilles. Et je voudrais avoir une douzaine d’oreilles pour mieux capter le chant du monde, de l’eau, de la terre et aussi pour mieux écouter le silence, un silence qui nourrit comme le pain.
 
Rien qu’en prononçant lentement le mot silence, je perçois comme un frisson de flûte, un chuchotis de source, un voile de brume flottant dans l’air, un flocon de neige qui se balance, une voix fraternelle. Et puis avec le mot silence, comme s’il était un galet poli par les vagues, je me masse le corps des pieds à la tête, pour qu’il pénètre jusqu’au plus profond de mon être. Ô douceur de la caresse, douceur de la peau qui vibre et palpite.
 
Douceur…
 
J’en appelle à la douceur pour un monde sans peur. Essayez d’imaginer pendant quelques instants, un monde sans guerre, sans terrorisme, sans crimes, sans tortures. Essayez d’imaginer votre vie dans un monde sans peur. Cette seule pensée vous soulève, vous donne des ailes, de l’énergie.
 
N’est-ce pas le rêve de nous tous de vivre ensemble, unis et différents, dans la paix, l’amour, la fraternité, la solidarité. Agissons pour vivre notre rêve…
 
©Michèle Freud




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27 juillet 2017 4 27 /07 /juillet /2017 06:52
collectiondartjaviermendez.fr.gd/Peinture-Suisse

 

 

 

« Clotilde, si tu es prête, nous partons maintenant, tu sais que nous ne pouvons aller vite avec notre vieille guimbarde qui ressemble plus, question vitesse, à une charrette qu’à une automobile. »
 
Sans plus attendre, ils commencent à rouler. Le tacot a fière allure avec toutes ces fleurs multicolores peintes sur la carrosserie : on dirait une prairie ambulante, généreuse et souriante. Mais le moteur ne rigole pas : il a des problèmes digestifs et manifeste sa mauvaise humeur par des borborygmes et divers bruits insolites et bruyants. Il est impossible aux deux passagers de regarder le paysage qui défile lentement, tant leur esprit est absorbé par le langage discordant de la machine tandis que leurs douloureuses oreilles lancent un appel à l’aide.
 
« Je pense, dit Clotilde, qu’une pause est nécessaire pour savourer quelques instants de silence. Viens, le ciel nous invite au bonheur et à je ne sais quelle ivresse tranquille, dans la contemplation et dans la paix. » Et ils garent leur voiture sur une plate-forme herbeuse. Ils ont la chance de trouver rapidement un chemin de terre qui leur semble prometteur.
 
Très vite, il se transforme en sentier et zigzague parmi les fougères, entre des arbres aux essences variées. Puis il contourne une ancienne maison forestière qui disparaît presque sous des guirlandes de clématites. Il s’exhale de toute cette végétation, à la fois sobre et luxuriante, un apaisement indéfinissable, une sérénité harmonieuse qui dénoue toutes les tensions. Ils sont sous le charme de cette forêt, mais ce qui les attend plus loin est absolument extraordinaire. Et c’est vrai : ils ne tardent pas à pénétrer dans un champ dont l’herbe est douce et moelleuse comme du velours. Plus ils avancent, plus ils ont l’impression d’entrer dans le parc d’un château du temps passé : ici des ormes imposants dont le feuillage traîne jusqu’à terre, abritent une combe verdoyante, là, un petit marécage dort, piqueté de fleurs violettes, plus loin, un bosquet de bouleaux accueille un troupeau de moutons et sa bergère. L’ensemble est si somptueux, si féerique que Pierre et Clotilde s’attendent à voir arriver le Prince Charmant sur un nuage d’or. Une joie douce et bienfaisante les enveloppe et ils restent là, immobiles, à boire, à petites goulées, toute cette beauté inattendue. Et sur la pointe des pieds, ils quittent ce domaine enchanté, qui restera imprimé dans leur cœur, tel un souvenir précieux.
 
©Michèle Freud




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13 juillet 2017 4 13 /07 /juillet /2017 06:13
Photo Jean Dornac©

 

 
 
 
Dans un cabanon niché au creux d’une combe, vit Ernest. C’est mon ami, un poète qui va toujours où son cœur le porte. Malgré ses rides et ses cheveux blancs, il ressemble à un enfant car au  lieu d’ajouter des années à sa vie, il ajoute de la vie à ses années, il accumule les jeunesses successives. Ernest se promène toujours avec sa musette. Une fois, il m’a permis d’y jeter un coup d’œil. Alors, mon regard a plongé dans la caverne d’Ali Baba. J’y ai vu des ficelles arc-en-ciel, des boutons tout ronds comme des petits soleils, une grosse montre phosphorescente, un galet blanc poli par la mer, des coquillages colorés et chatoyants, j’y ai vu aussi un carnet de poésies, la clef des champs, une plume d’oie, un peu de lichen, du bois flotté sans oublier la clochette de Perlimpinpin pour réveiller les endormis qui ne voient jamais rien.
 
Et puis, Ernest a un de ces jardins : c’est l’exubérance, la folie, le délire ! Des fleurs de toutes les tailles, de toutes les couleurs s’épanouissent parmi les plantes grimpantes, les fougères, les graminées en touffes. Et j’aime son petit bois de roses trémières. Je m’y promène entre les hautes tiges, admirant la transparence des pétales, cueillant ici et là un conte, un poème, une chanson. Croyez-moi, le jardin d’Ernest c’est le jardin des délices, le jardin fou, le jardon de la poésie…
 
Un jour, il m’avoua qu’il perdait la mémoire et que son cerveau devait ressembler à un morceau de gruyère. Mais il ajouta, d’un air malicieux : « Dans les trous, j’ai semé toutes sortes de graines pour que mes méninges soient comme une prairie, visitées par les papillons, les oiseaux, les sauterelles, les petites grenouilles mais aussi par le soleil, la pluie, le vent et la neige. Oh je l’aime, cette prairie qui vit sa vie selon les saisons ».
 
Ernest, je me demande où vous trouvez de telles idées, peut-être dans le nid d’une pie, sur le diadème d’une fée, dans le bonnet d’un lutin ou sur la branche de l’arbre à histoires…
 
Oh mon ami, si vous n’existiez pas, il faudrait vous inventer ! Vous êtes un artiste, vous créez du bonheur autour de vous.
Si seulement vous pouviez changer notre terre en un jardin d’amour !
 
©Michèle Freud




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29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 06:45
Rêve de lumière – Michèle Freud
 
 
 
 
 
Un jour, en montagne, j’ai eu l’occasion de marcher dans un bois étrange avec des lichens qui pendaient de chaque rameau, d’énormes pierres moussues, une végétation luxuriante, exubérante. On aurait dit la forêt de la Belle au Bois dormant. Dans ce lieu insolite où planait une atmosphère mystérieuse, j’eus brusquement le sentiment que j’allais vivre des moments peu ordinaires. Tout mon être frissonnait de plaisir.
 
Soudain, je remarquai l’Arbre avec ses énormes branches tordues et noueuses, son tronc imposant dont l’écorce épaisse était sillonnée de rides profondes paraissant dessiner un pays imaginaire, peuplé d’êtres fabuleux. Avec les mains, j’explorai le contour de cet étrange royaume. Mais que se passait-il tout à coup ? Comme si j’avais prononcé la formule magique : « Sésame, ouvre-toi » le tronc tout doucement commença de s’ouvrir. Je me dis alors que je me trouvais devant un arbre extraordinaire : Il avait une porte et il était tout creux. Par curiosité, j’entrai dans cette drôle de maison. Aussitôt, avec un claquement sec, la porte se referma. C’était incroyable, incompréhensible car il n’y avait pas le moindre souffle de vent. Quand j’ai voulu sortir, ce fut impossible. La porte ne s’ouvrait pas. Or je n’avais pas peur. J’étais plutôt intriguée par le côté magique de la chose et puis le mystère qui planait autour de moi me ravigotait les méninges. J’étais en attente d’un événement hors du commun et c’était exaltant. Je n’eu pas à attendre longtemps car je me suis endormie brusquement comme si l’on m’avait fait boire un potion miracle. Et je fis un rêve merveilleux. Pourtant à mon réveil, j’avais tout oublié. Tout ? Pas exactement. Il me restait une impression de lumière douce, pure, inoubliable. Sans difficultés, cette fois, je sortis de ma cachette et légère, délestée de tous mes soucis, je pris mon envol au-dessus des prairies multicolores, ruisselantes de clarté…
 
©Michèle Freud



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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 06:33
Une perle dans une décharge – Michèle Freud
 
 
 
C’est une gigantesque friche, recouverte de déchets de toutes sortes, qui forment d’énormes monticules, des ravins, des gorges, leu de travail insalubre de centaines d’enfants d’Asie, qui cherchent dans ce chaos surréaliste, cauchemardesque, nauséabond, de quoi survivre. Ils fouillent, exposés aux polluants, aux produits toxiques, aux fumées asphyxiantes de petits feux qui brûlent en permanence, essayant de récupérer des plastiques, du fer, des métaux précieux, du verre, des papiers, des cartons et même des quignons de pain dur.
 
Gosses les plus pauvres parmi les pauvres, crasseux, en haillons, ne mangeant pas à leur faim, n’allant pas à l’école, ils vivent comme des rats dans les entrailles d’une décharge…
 
Un jour, une petite fille, en fouillant dans cet océan de détritus, trouva, ô miracle, un livre ! Un livre, certes abîmé, sali mais un livre, avec des pages remplies de belles lettres et d’images de toutes les couleurs. Depuis son plus jeune âge, elle rêvait d’aller à l’école pour apprendre à lire. Un rêve malingre qui vivotait car elle le pensait irréalisable. Mais ce rêve, même timide, était comme un soleil. Sans perdre de temps, elle s’assoit sur un vieux bidon pour le feuilleter, sa joie est trop forte, elle ne peut pas attendre. Il y a des oiseaux et des ruisseaux qui chantent en elle, son corps se réchauffe. En tournant, en touchant les pages de ce livre, elle se sent vivante. Toutes ces images et ces dessins sont pour elle une île avec ses palmiers, ses cocotiers, ses oiseaux exotiques, la mer toute bleue et ses voiliers blancs. Elle a quitté la décharge, elle rêve, peut-être d’un pays où les enfants peuvent vivre simplement leur vie d’enfant…
 
C’est sans doute le rêve de tous ces enfants qui vivent dans les camps de réfugiés, dans les villes en guerre, de tous ces enfants qui sont bafoués, méprisés, abandonnés, handicapés, mal aimés.
 
Un rêve, c’est une force, un trésor, une richesse et en brisant un rêve, nous mutilons une âme…
 
©Michèle Freud
 
 
 
 
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1 juin 2017 4 01 /06 /juin /2017 06:37
Chant d’amour – Michèle Freud
Photo J.Dornac©
 
 
 
 
 
Notre colline, au printemps, a bien des richesses à offrir. Elle est la vie, la beauté, la poésie, le rêve, avec ses petits jardins d’orchidées pourpres ou de cerises aux pétales délicieusement froissées, ses coulées d’aphyllantes, ses coronilles qui aspergent la terrasse de leur parfum volé aux anges, ses tapis de pois de senteur et de fleurs de lin, ses cascades de liserons qui carillonnent à tout vent la magnificence du monde. Quel somptueux cadeau que ce débordement de rose, de blanc, de vert, de bleu, d’or et de mauve ! Tout est harmonie et douceur, comme peint avec les innombrables ressources d’une palette magique. Telle une abeille, je butine, je frissonne de joie. Dans l’univers des fleurs sauvages, je sens vibrer en moi l’immensité de la vie universelle.
 
Aujourd’hui, je prendrai peut-être mon repas près des bonnes têtes ébouriffées des scabieuses. Je me contenterai d’une gorgée d’air, d’un bol de lumière, d’un peu de suc de la terre, de la splendeur des plantes et du chant des oiseaux. Et surtout que le temps se fasse lent pour que dure la magie de l’heure. Et si je l’invitais à venir prendre un café, peut-être suspendrait-il son vol, le temps d’un sourire à tous mes amis, le temps de donner à la jolie coccinelle qui vient de se poser sur ma main, de prendre son envol et de n’être plus qu’un point rouge dans l’azur…
 
Je crois que je viens d’apprivoiser le temps !
 
Et comme pour m’approuver, la mésange se met à zinzinuler…
 
©Michèle Freud



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18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 06:31
La roue – Michèle Freud
 
 
 
 
 
Il était une fois une roue, une vieille roue solitaire, qui dévalait à toute allure un petit chemin de terre. Heureusement qu’en fait de vélo, elle en connaissait un rayon ! Sans perdre les pédales, elle évita toutes les ornières, les petites et les grosses bosses, les rochers traîtres, les coups bas des cailloux pointus. Mais la roue n’en finissait pas de rouler en grinçant des dents, et les folles avoines s’agitaient pour se moquer d’elle : « Eh petite reine, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu es toute tordue, tes rayons sont fracassés, et sans l’ombre d’un doute, tu me sembles crevée. Il est grand temps de prendre ta retraite ! »
 
Comme elles étaient cruelles ces herbes folles ! Que savaient-elles de sa vie ? Elle avait tant roulé sa bosse, sous le soleil et sous la pluie, dans la neige et dans le vent… Elle était bien courageuse, jamais à plat, jamais crevée. Elle en a connu des chemins et des routes. Elle était heureuse alors, elle rayonnait de bonheur. Il y a seulement un instant, elle savourait l’ivresse de la descente sur une petite route de montagne. Et puis, il y eut cet accident provoqué par un chauffard inconscient. Après ce choc terrible, son compagnon fut projeté en l’air comme un fétu de paille. Le vélo n’était plus qu’un amas de ferrailles. Une roue attirée par la pente quitta le lieu du drame. C’est elle que les herbes folles saluèrent avec cruauté. Pourquoi percer de flèches un cœur endolori ? La pauvre roue, blessée à mort, n’aspirait plus qu’au repos, rêvait d’un coin discret pour y finir ses jours. Soudain, son rêve devint réalité : en bas du sentier sur lequel elle rebondissait, une prairie l’accueillit avec douceur. Et la vieille roue, au milieu de ce champ fleuri semblait une couronne tressée de boutons d’or…
 
©Michèle Freud




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