J’aime quand tu me reviens
Avec des poignées d’algues
Arrachées au récif
J’aime quand tu décrètes
Les étoiles interdites
Au firmament des nuits
Et je m’abreuve de tes folies
De tes mots fantastiques
Cueillis aux lèvres des morts
Qui n’en finissent pas
de conter leur histoire.
J’aime quand tu nous emmènes
Dans les secrets des palais oubliés
Perdus dans la profusion des jardins
Fécondés de rêves.
Alors, je crois sentir le coeur
D’un prince caraïbe
Tout bruissant de palmes et d’oiseaux
Battre contre mon coeur.
Dans tes rêves les reines
Se promènent toutes nues
Sur les sables du temps
Suivies de cavaliers
Ceinturés de pourpre
Et portant le chapeau de Cassavre*
Ils vont sous les palmes
Où veillent les étoiles,
En quête d’une nuit d’amour.
Dans les donjons où les fées
Enfantent les sortilèges
Mes princes ont une peau de jais
Je les couches dans mes forêts
Sur des lits de feuilles mortes
Attendant la moindre pluie
Pour goûter leurs bouches douces
Et poser mes lèvres sur leurs coeurs.
L’amour est une barque divaguant
Mais je connais les anses
Blotties sour les feuillages
Où viendront se blottir
Nos douleurs orphelines.
Pourtant il faudra bien un jour
Déshabiller tes rêves
Des affres du passé.
Enfouir en toi les pleurs
Et les gémissements.
Les blessures des fers
Les stigmates vermeils des fouets.
Il faudra devenir
« Homme sans mémoire »
pour une île nouvelle.
Par deux fois le monde à oublié ses morts
Pour reconstruire
Par deux fois nous avons cru renaître.
Ne me crois pas, mon ti mamoun*
Ma plume est mensongère
Ton histoire doit rester gravée
A jamais dans ton coeur.
Ce n’était que le crépuscule
Qui empourprait la mer
N’injurie pas ton Dieu
Pour un démon facétieux
Qui s’égare dans la ville.
Laisse retomber les rumeurs
Dans les rues poudrées d’or.
Le sang versé sera rendu
Jusqu’à l’ultime goutte
Et sera compté
Chaque baiser arraché à la vie.
Ne renie pas ton Dieu
Il te suit pas à pas
Au coeur du labyrinthe,
Et je t’attends revêtue de lumière
Pour porter à tes lèvres
Le doux breuvage de l’oubli.
De l’autre coté du miroir
La mort est renaissance
C’est l’envers de l’endroit
Les racines de l’arbre
L’ombre où chemine la lumière
C’est l’espace préservé
Où sommeille la vie
C’est l’antre secret
Où les esprits se rassemblent
Et guident les mains des hommes
Pour créer, pour aimer, pour jouir
C’est cette coccinelle
Qui se promène sur ma page
Au beau milieu de la nuit
De l’autre coté du miroir
La mort est insoumise
Et la vraie vie nous attend.
D’un stylet d’ivoire
Nous gravons nos amours
D’eau et d’argile
Sur les tablettes du temps.
Je prends ta main
Par les chemins caillouteux
Où tu me conduis sans un mot.
Ni Maître, ni Serviteur
Nous sommes un même fruit.
Un jus de papaye
Coule frais sur nos lèvres,
Maîtres des mots
Serviteurs du poème,
Nos coeurs saignent
Comme grenades éclatées
Des blessures du monde,
Pour proclamer
La pérennité de la vie.
Je serai à toi
Par petits bouts
Comme le chat de Lewis Caroll
Et tu me chercheras
De sourires en sourires
Mais mon amour t’embrasera tout entier
Tu ne connaîtras pas
Le goût des larmes
Et je tremblerai sous tes baisers
Quand jailliront
Dans le bruissement des nuits
Des semences d’étoiles.
Tu m’accueilles dans tes rêves d’aube
A l’heure où la mer hésite
A quitter les langueurs de la nuit
Et je me glisse en toi
Silencieuse
Quand tu me berces de caresses
De baisers fleurs
De parfums de ton île,
Quand l’écume s’attarde sur nos grèves
Avant de se retirer
Dans l’embrasement liquide du jour.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...