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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 06:38
La flamme – Michèle Freud
 
 
 
La plage était vide, comme abandonnée. Pas le moindre souffle, ni le moindre vent chargé d’embruns. La vie semblait avoir quitté ce lieu, imprégné seulement  d’un silence pesant. Le sable n’offrait au regard aucun dessin, aucun château, les rochers étaient nus et les oiseaux, où se cachaient-ils ? Tout était morne, lugubre et froid. On aurait dit qu’un magicien se promenait avec son éteignoir pour supprimer les reflets dansant sur l’écume des vagues, ternir les couleurs des galets, chasser les nuages et les voiles blanches des bateaux. Tout était figé dans une grisaille effrayante.
 
C’est dans cette atmosphère lourde de mystère, qu’un homme surgit soudain au pied de la falaise : un homme hagard, à la mine torturée, aux gestes saccadés, curieusement guindés, un homme qu’un démon invisible semblait habiter et qui se débattait, luttait de toutes ses forces contre ce monstre sans visage. Il était seul, tout seul et n’attendait aucun secours de l’environnement qui ressemblait à un décor de film, réalisé par un metteur en scène dément. Soudain, comme pris de folie, il courut vers la mer, poursuivit sa course dans l’eau et s’arrêta brusquement comme mû par un éclair de génie. Alors, fébrilement, il prit son briquet, caché dans la poche de sa chemise. Il frotta la pierre, plusieurs fois. Enfin, une flamme chaude et claire jaillit, une flamme telle une étincelle de vie. L’homme contempla longuement cette lueur qui l’éclairait comme un soleil. Apaisé, libéré, transfiguré, il se redressa avec dans les yeux une lumière nouvelle, celle de l’espoir qui renaît.
 
Des oiseaux blancs réapparurent dans le ciel et se mirent à tournoyer en piaillant. La vie revenait. Tout devint lumineux.
Un rocher, telle une patrouille géante et muette regardait ce miracle avec indifférence…
 
©Michèle Freud



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16 juin 2016 4 16 /06 /juin /2016 06:42
Histoire de fou – Michèle Freud
 
 
 
 
Au fond d’un coffre vermoulu, j’ai découvert un vieux cahier qui dormait dans les plis d’une somptueuse robe à paniers dont la neige des ans n’avait pas altéré la beauté. Sur ces feuillets desséchés, j’ai réveillé, en la lisant, l’étrange histoire d’un fou hors du commun : un fou non dangereux, non agressif, mais tout de même un fou qui liait en bouquets fantaisistes, des épluchures de carottes, finement ciselées en corolles. Et chose remarquable, dans la tête de cet extravagant poète, flottait  un petit cerf-volant, délicieusement croquignolet, avec sa couronne fleurie de baies d’églantines et d’ocelles de plumes de paon. Un petit chef-d’oeuvre construit avec les fils multicolores d’une pensée-feu d’artifice ! Et puis dans le cœur de cet homme ennuagé, joliment timbré, vibrait un drôle de violon : un violon dingue qui distillait, selon son humeur, une musique de chevaux de bois ou de lions en délire.
 
Un jour, l’homme eut envie de jouer… à la moulinette ! Il voulait passer dans son petit moulin, afin de créer un oiseau-fleur, un mon qui n’en finissait pas d’étirer ses vingt-trois osselets gigotants. C’était le célébrissime, secrètement détesté : an-ti-cons-ti-tu-tion-nel-le-ment. Mais ce cabotin ne se laissait pas faire. En dansant, en sautant, en bondissant, il réussissait brillamment à éviter le couteau menaçant de cet affreux presse-purée. Et le fou tournait, tournait patiemment, mais en vain, la petite manivelle dont la chanson ironique émoustillait les neurones d’un cerveau fantaisiste. Tout concourait donc à un échec sans fin. Mais comme si dans sa tête jaillissaient de petits feux-follets, notre ami eut une idée, une idée rafignolesque : il osa jeter dans la cuvette du Moulinex, où se gobergeait le prétentieux mot le plus long, un mot magique, le mot ABRACADABRA qui fit disparaître, en un éclair, les vingt-trois lettres rebelles, tandis que s’échappait du moulin, un colibri ! Et le fou cria au miracle !  Il saisit alors son violon dingue et joua, joua jusqu’à faire miauler son chat…
 
©Michèle Freud



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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 06:47
Le lutin – Michèle Freud
 
 
 
 
Il était une fois un lutin qui vivait seul, au gré de sa fantaisie, dans une vaste forêt abandonnée. Curieux, avide de découvertes, avec un goût prononcé pour l’aventure, il se sentait libre d’inventer sa vie. Sans habitudes, sans idées préconçues ni a-priori, il saisissait la moindre occasion qui le conduirait dans les arcanes du mystère et de la magie. Il était comme un explorateur qui part à la recherche de trésors. Il pressentait que dans cette immense forêt, il y avait plus de merveilles que ne pouvaient contenir ses rêves.
 
Un jour, il découvrit un ruisseau, un ruisseau musicien qui menait sa vie tranquillement, sans se presser, en chantant. A travers les myosotis, le lutin y trempa ses mains. La transparence de l’eau permettait le passage de la lumière : Elle était bonne à boire ; il s’en régala, avec le bleu du ciel et quelques brins de soleil qui s’y reflétaient. Puis, il se coucha sur un sol moussu. Aussitôt, une joie exubérante, un peu fofolle, vint le rejoindre. Elle le prit dans ses bras, l’enveloppa, l’imprégna. Et puis, pour s’amuser, elle se désintégra en fumée bleue, Ô combien enivrante.
 
De surprises en émerveillement, le lutin se trouva, un beau matin, devant un arbre qui se dressait à proximité d’un rocher, un arbre très haut, sans écorce et sans feuilles, au tronc lisse et brillant. Qui l’avait si parfaitement poli ? Voilà un mystère à éclaircir ! « Je verrai plus tard dit le petit explorateur. Pour le moment, j’ai une chose plus urgente à entreprendre. » Et il se mit à grimper sur cet étrange totem, avec la légèreté et l’adresse d’un écureuil. Les branches, semblables aux barreaux d’une échelle, facilitaient grandement la tâche. Il arriva vite au sommet et, là, ô surprise, il aperçut, étalé sur trois branches, un nid tressé de branchages, sans doute le refuge de quelques bêtes ailées. Le lutin, le soir venu, fut heureux de s’étendre sur ce lit providentiel.
 
A l’aube, de ce nid haut perché, un drôle d’oiseau prit son envol, avec deux ailes certes, mais avec… un corps de lutin !
 
©Michèle Freud



 
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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 06:55
L’hurluberlu – Michèle Freud
 
 
 
 
Ernest est un homme distrait, extravagant, un peu foufou. On l’appelle l’hurluberlu. Hiver comme été, il porte une casquette en toile bleue, patinée par le temps et un vieux pantalon de golf à carreaux. Ses chaussettes sont rarement assorties et ses souliers ressemblent étrangement à ceux d’un clown. Il n’a jamais de montre, seuls quelques élastiques rouges et verts ornent son poignet. Il vit seul dans une maison tapissée de vigne vierge. Ses quatre pièces sont encombrées de pierres de toutes sortes, de vieilles racines, véritables sculptures naturelles aux silhouettes étranges, de bois flottés joliment polis par la mer. Son ami, qui vient le voir régulièrement, dort sur un matelas, entre des piles de livres qui montent jusqu’au plafond. Quant à la salle de séjour, c’est le royaume des coquillages, la Vallée des Merveilles ou l’imagination des visiteurs prend son envol vers des sphères inconnues, des continents inexplorés.
 
Au milieu d’une friche, paradis des insectes et des petits mammifères, se dresse une tour couverte de lierre, imposant monolithe de verdure, colonne vivante en hiver qui retentit du chant des oiseaux, heureux de picorer ces petits grains noirs qui s’offrent à eux.
 
Dans sa poche, Ernest a toujours un vieux carnet où sont notées des centaines de phrases. Chaque jour, il s’en offre quelques-unes, comme dessert, après son frugal repas. Voici la dernière : « Sur les pentes de l’Estérel, j’ai vu fleurir l’asphodèle, une fleur qui à elle seule, est un univers de beauté, de rêve et de tendresse. En la contemplant, mon cœur s’est enrichi de mille papillons blancs. » Sur le fil qu’il a tendu entre deux arbres, voltigent des carrés de tissus colorés où sont écrits des poèmes. Mais Ernest n’a pas tendu, comme Rimbaud, des cordes de clocher à clocher, des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d’or d’étoiles à étoiles, pour y danser. Pourtant il est prêt à grimper sur les cordes de la pluie, au-dessus des nuages, pour y voir le soleil.
 
Il apprécie la poésie, pourtant il n’en écrit pas, il s’emberlificote trop dans les mots. Mais l’essentiel est de poétiser se vie quotidienne. Alors Ernest fait éclater le présent, il en goûte les saveurs, les parfums et les sons. La beauté est pour lui l’unique chose précieuse et chaque fois qu’il découvre de nouvelles splendeurs, ses yeux se constellent d’étoiles…
 
©Michèle Freud


 

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21 avril 2016 4 21 /04 /avril /2016 06:46
Emmie – Michèle Freud
 
 
 
 
Emmie a 10 ans et des yeux de chiens battus qui lui mangent le visage. Elle paraît petite parce qu’elle est toute recroquevillée sur elle-même : c’est sa façon à elle de se protéger des coups durs qui pleuvent chaque jour sur son dos. Quand elle ne va pas en classe, elle est bouclée dans sa chambre, elle ne peut jamais sortir, elle n’a pas de livres ni d’amis. Ce qui est terrible, c’est que sa mère ne la câline jamais, ne l’embrasse même pas. de sa bouche, ne sortent que des vipères et des crapauds. Quant à son père, non seulement il est loin d’avoir la sobriété d’un chameau mais il ignore totalement la tolérance : sans motif, il vole le printemps de sa petite fille qui n’a pas droit à la parole. Emmie n’ose pas parler de ses souffrances à sa maîtresse comme si elle avait honte de na pas être aimée. Mais elle dort mal car ses nuits sont peuplées de cauchemars : elle voit partout des murs qui l’emprisonnent et l’étouffent. L’écume de ses jours est terne, figée et n’évoque pas le bouillonnement ni le jeu primesautier des vagues.
 
Un jour, elle décide de se « créer » un ami. Elle dessine alors sur son cahier, un arbre avec un tronc épais, des branches solides et tout plein d’oiseaux qui chantent. Elle le dessine d’un trait comme si elle avait un besoin aigu de respirer une bonne bouffée d’air frais.
 
Cet arbre, elle le regarde avec douceur et amitié et puis elle lui raconte sa vie. Comme c’est bon de se confier à un ami, d’être écoutée. Etre écoutée, n’est-ce pas le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir de quelqu’un ?
 
L’arbre, au bout de plusieurs jours, se met à lui parler : « Tu n’es p lus seule maintenant, tu peux compter sur moi. Tu me dis que tu es en prison, je t’apprendrai à te sentir libre même en prison, je t’apprendrai à te redresser, à t’affirmer. Je te montrerai un chemin que tu suivras allègrement. Dès maintenant, respire à pleins poumons, laisse entrer la vie en toi et les lendemains prometteurs ne te paraîtront plus aussi lointains.
 
Les journées de la petite fille prennent rapidement une belle teinte rose et sur le chemin de l’école, son cœur s’ouvre désormais à la beauté qui l’entoure…
 
©Michèle Freud
 



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17 mars 2016 4 17 /03 /mars /2016 07:48
Couleurs d’automne – Michèle Freud
Photo J.Dornac©
 
 
 
Avant la chute des feuilles, la nature se revêt de pourpre, d’or et d’argent : c’est la féerie de l’automne avec toute sa symphonie de couleurs chatoyantes dont les nuances riches et variées nous ravissent et nous enchantent.
 
Près des bastides, les tilleuls, les platanes et les mûriers, dans leur costume jaune soleil, illuminent le paysage ; çà et là, dans la forêt, des feuilles dorées se marient avec le vert des pins et le bleu du ciel. Les buissons d’églantine se parent de rubis tandis que les arbres fruitiers enfilent leur habit chamarré. Dans les jardins, les courges, les citrouilles et les coloquintes nous en mettent plein la vue avec leurs teintes vives et leurs formes curieuses. Les champignons, ces étranges fleurs d’automne, égayent les sous-bois de leurs couleurs exubérantes : en voici des oranges, des violets et ceux-là, avec leur chapeau écarlate, ne ressemblent-ils pas à de joyeux lutins ?
 
Plus haut, en altitude, les sorbiers, les érables et les sumacs s’habillent de pourpre. « Qui donc a embrassé la montagne et laissé sur ses pentes le rouge de ses lèvres ? »
 
Je connais un endroit magique dans la montagne : là, les mélèzes sont si dorés qu’on les croirait  peints avec des gouttes de soleil…  C’est un spectacle unique, enchanteur. Pour quelle noce, la nature a-t-elle mis cette parure somptueuse ?
 
Dans ce décor féerique, je vais de beautés en beautés, tandis que près de moi, sur des aiguilles d’or, l’oiseau bleu du bonheur picore la lumière et là haut, dans le ciel, deux petites feuilles rouges dansent joyeusement en se tenant la main…
 
©Michèle Freud




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3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 07:47
Le rouge-gorge – Michèle Freud
 
 
 
 
Il était une fois un petit vieux et une petite vieille qui vivaient pauvrement à l’orée d’une forêt. Ils avaient juste une chèvre, Blanchette, qui leur fournissait lait et fromage, sauf en hiver. Durant la saison froide, ils se nourrissaient frugalement de soupes aux herbes, aux baies séchées, à la farine de gland ou de châtaignes.
 
Mais c’était surtout l’amour qui les tenaient en vie. Leur plaisir, c’était d’aller ramasser du bois pour allumer un bon feu dans la cheminée. Et main dans la main, ils regardaient, heureux, la danse des flammes.
 
Mais voilà qu’un jour, c’était la veille de Noël, alors que dehors il neigeait à gros flocons, la chèvre devint nerveuse et se mit à bêler. Le petit vieux et la petite vieille comprirent qu’il se passait quelque chose d’anormal. La grand-mère alla ouvrir la porte et inspecta les alentours, mais tout paraissait en ordre. Elle avait à peine repris sa place au coin du feu, quand elle entendit nettement des petits coups frappés à la fenêtre. Vite, elle l’ouvrit et c’est alors qu’elle le découvrit,  l’oiseau, tremblant de froid, avec quelques cristaux brillant sur sa belle gorge rouge. Il semblait implorer le gîte et le couvert. La petite vieille, toute émue, comprit le message et dit tout haut : « Quelle joie, mon homme, ce soir, pour le réveillon, nous avons un invité inattendu » ! Vite, elle alla traire Blanchette. Quelques gouttes de lait sortirent de ses pis ; en cherchant bien, elle trouva des miettes de fromage et une pincée de graines. L’oiseau était servi ! Il regarda le grand-père et la grand-mère comme s’il voulait leur dire merci, puis il se mit à becqueter avec appétit. Quel plaisir de le voir dévorer son repas ! Quand il eut terminé son festin, la petite vieille sécha ses plumes avec un tissu doux et fin. Sous une aile, elle trouva une gousse séchée qu’elle mit sur la table. Aussitôt, l’oiseau la prit dans son bec et ô surprise, la déposa dans la main de la petite vieille. Que signifiait ce geste ? Que voulait dire l’oiseau ? La gousse, à coup sûr, avait de l’importance. Laquelle ? Les deux bons vieux réfléchirent, mais peu de temps. Les graines sont faites pour être plantées, n’est-ce pas ? sans hésiter, ils sortirent avec une pelle, déblayèrent un carré de neige, firent un trou, y déposèrent la mystérieuse semence. Puis il rentrèrent au chaud, tout excités.
 
Le lendemain matin, presque au saut du lit, ils se précipitèrent dehors, tels des enfants impatients de découvrir les merveilles cachées dans leurs souliers. Pour une surprise, ce fut une surprise ! Ils n’en crurent pas leurs yeux : devant eux, se dressait un petit arbre avec plein de branches d’où se balançaient des pastilles multicolores, parfumées et brillantes. Les graines qu’ils avaient plantées étaient donc magiques ! Les petits vieux croyaient rêver… Ils se regardèrent, émerveillés, s’embrassèrent, puis, avec délicatesse, ils cueillirent une petite boule, toute douce au toucher. Lentement, en hésitant un peu, ils la mirent dans la bouche. Aussitôt, des effluves inconnus mais sublimes se diffusèrent dans tout leur être. Leurs papilles n’avaient jamais goûté à une telle saveur. Mais le plus étonnant fut qu’après la dégustation, non seulement ils se sentaient rassasiés, mais une énergie vivifiante rayonna dans tout leur corps. Ils avaient envie de danser, de faire la fête d’autant plus qu’ils comprenaient que cet arbre magique leur fournirait durant l’hiver et peut-être au-delà, nourriture et santé. C’était le cadeau de Noël du rouge-gorge. Ils voulurent le remercier, mais l’oiseau avait disparu…
 
©Michèle Freud



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18 février 2016 4 18 /02 /février /2016 07:43
Fais du feu dans la cheminée – Michèle Freud
 
 
 
 
L’hiver est là avec ses gelées blanches et sa bise glaciale. Quelle grande joie de pouvoir se réchauffer devant un bon feu à l’âtre ! C’est tellement plus vivant, plus chantant, plus accueillant qu’un simple radiateur électrique dont l’utilité est toutefois indéniable. La maison s’anime dès que le feu brûle dans la cheminée. Il est en effet une présence amicale et réconfortante, un compagnon qui adoucit la solitude et vous enveloppe d’un manteau de tendresse ; il est comme un jardin de tulipes en hiver, dont la beauté sème dans le cœur, les rêves les plus fous, les espoirs les plus vifs.
 
Le feu est un spectacle : il vit, chante, crépite, ronronne et quel bonheur de contempler la danse des flammes multicolores, mystérieuses et fascinantes, se transformant sans cesse : voici des flammes en forme de pivoines, de robes de gitanes, voici des flammes-feux follets, étoiles filantes, gerbes d’étincelles, voici une longue vallée rouge entre des collines grises où se dresse un vieux château en ruines… Heureusement je ne m’habitue pas à un tel spectacle qui possède les vertus d’un voyage magique. Je savoure les gouttes du temps et comprends que chaque minute est unique. Immobile, j’attends, je ne sais quoi. Peut-être une révélation, un commencement plein de promesses…
 
Bientôt des amis vont prendre place autour du feu pour déguster des châtaignes grillées. Puis viendra le temps du rêve avec des contes et des légendes qui parfumeront nos lendemains. Et tandis que le feu nous offrira son dernier baiser de clarté, peut-être penserons-nous à une autre flamme, celle de l’amitié, que nous devrons constamment préserver des tempêtes pour qu’elle reste toujours vivante en nous.  
 
©Michèle Freud
 



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4 février 2016 4 04 /02 /février /2016 07:56
La passion de Jujube. – Michèle Freud
 
 
 
 
 
Comme le papillon est attiré irrésistiblement par la flamme d’une bougie, Jujube est sous le charme de l’humble fleur des champs, la sauvage, la résistante. Bien sûr, il sait la beauté d’une plante cultivée, il comprend la passion de son ami pour les agapanthes, tubéreuses ressemblant au bouquet du feu d’artifice qui éclate dans le ciel en milliers d’étoiles.
 
Jujube, lui, est heureux avec son bout de terrain où poussent, pèle-mêle, selon la saison, églantines, sarriettes, thym, coquelicots, marguerites, glaïeuls, scabieuses, chèvrefeuilles, folles avoines. Et tous ces noms de fleurs, il aime les prononcer à haute voix pour les faire chanter, virevolter, sous le souffle musical de ses lèvres.
 
Cette mini-jungle, c’est son île aux trésors, sa caverne d’Ali Baba. À quatre pattes, comme un animal, dans ce fouillis végétal, Jujube observe la vie, une vie grouillante et prometteuse. Il jubile, il se sent riche et des ondes de bonheur, des frissons d’extase parcourent tout son être.
 
Jujube rêve de mourir au milieu de toute cette vie exubérante, dans cette nature sauvage. Les molécules de son corps se mêleront à celles des fleurs et des insectes. Ce sera plus qu’une mort : des noces avec la terre…
 
©Michèle Freud
 



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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 08:00
Elle s'appelle Cerise – Michèle Freud

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Les papilles de Cerise s'émoustillent

quand elle lèche sa tartine de fromage blanc.

Le regard de Cerise s'illumine

quand il plonge dans les hampes des lupins safran.

Et Cerise, gourmande,

valse dans les bras du vent,

avec les oiseaux et les papillons.

Elle danse sur un rayon de soleil,

à petits pas de funambules.

Elle est heureuse comme un poisson

qui a quitté son bocal pour rejoindre le grand océan.

Cerise rêve : elle est amoureuse d'un écureuil

qui se lave avec de la lumière.

Et la lumière, c'est si léger, si aérien,

c'est comme une spectaculaire cascade de poudre d'or.

Puis Cerise, telle une fée, avec ses longs cheveux blonds

flottant dans l'air parfumé,

court à la fontaine qui « gouttèle » sans bruit,

au milieu de la clairière aux narcisses.

Là elle forme une conque avec ses mains

pour recevoir le précieux liquide et elle déguste,

s'imprègne de cette eau pure aux mille vertus.

Dans le creux de sa paume, il reste quelques gouttes,

qui par la magie du soleil, lui offrent un radieux arc-en-ciel.

Et Cerise exulte, chante sa joie de vivre

et puis elle disparaît tel un être immatériel

qui se volatilise dans l'air frais du matin,

tandis qu'un vent malicieux se met à rire aux éclats… 

 

©Michèle Freud





 

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