Peindre les mots n'est pas un jeu car aux couleurs des jours
Mon âme s'y couche mais ne s'y endort jamais
Se dévoile ainsi le mystère au souffle secret de l'offrande
À la source sacrée de l'inaltérable soif
Obéissant ainsi à la règle d'or de la durée
Écrire c’est transformer le monde, langage des émotions
C'est porter un regard archétypal à la mesure du temps
Apporter au regard de qui sait voir et s'y reconnaître
Les bleus et les ocres de son sang, de sa vie, de son être
Sous le filet d'ors qui les recouvre comme fenêtre
Qu'un rêve
Vous n'étiez qu'un rêve
Secret, que je portais, enfoui en moi
Je l'effleurais, à peine, du bout de l'âme
Le touchais, délicatement, de la pointe du cœur
Mais jamais n'osais le regarder
Et pourtant, il a bien fallu qu'un jour
Vous apparaissiez dans la Lumière
De mes Temps Sombres
Vous avez suivi le Chemin
Tracé par le Grand Topographe
Décodé les Signes, les Symboles
Et êtes arrivé jusqu'à moi, guidé par Éole
Mon Prince des Ombres et Lumières
Vous m'apportez sur ce Plateau d'Or
Les rites secrets des Amours Anciennes
Vous offrez sur cet Autel Sacré
Vos joyaux les plus fins
Votre âme, votre corps
Vos yeux d'émeraude dans leur velours-écrin
Vous m'apportez la Beauté
Aussi les mots des Poètes
Ceux qui se sont tus
Qui ont emporté les Secrets les plus sombres
Les cris des âmes blessées
Les sanglots des délaissés
Les Écritures retrouvées
Vous n'étiez qu'un rêve
Vous voilà réalité
Mon Prince des Ombres et Lumières
Don de l'Univers
Je vous ai rêvé
Je vous ai créé
Dans son ciel tout bleu
Un Nuage flotte
Tout ouaté
Il passe
Lentement
Au-dessus du fleuve
Il fait beau en cette matinée
Le soleil est au rendez-vous
Aucun orage annoncé
Et le Nuage passe
Lentement
Soudain, il se sent poussé
Sort de sa léthargie
Lentement
Poussé, poussé de plus en plus
Il change même de forme
S’étire, s’allonge
Et maugrée
« Qui donc ose me déranger
En cette si belle journée ?
Je flottais, je glissais, je dormais
Qui ose donc ainsi me perturber ?»
Silence
Qu’un doux sifflement
Le Vent
« Je te taquine mon ami
La journée sera belle
Je ne suis pas annoncé
Je m’invite donc
J’aime être avec toi
À tes côtés
Et de la belle journée
profiter.»
Étonné, le Nuage reprend sa forme
Se redresse, ramasse ses ouates éparpillées
« Alors tant pis pour toi
Le Vent !
J’ai un vœu et de le réaliser
Sera ton tourment…»
Le Vent interloqué
S’approche doucement du Nuage
Pour ne pas le heurter
« De quel tourment parles-tu ?
Ce vœu est-il si terrible
Que je doive en payer le tribut
Cela pour m’être près de toi invité
À profiter de cette belle journée ? »
Le Nuage faisant le fier
Avec autorité
Nargue le Vent
Et lui dit :
« Tu n’es qu’un tout petit Vent
Et mon vœu est immense
Tu ne pourras le réaliser. »
Le Vent s’approche
Du Nuage
Sur la pointe des pieds
« Demande, demande et je t’accorderai
tout ce que tu souhaites
Ton vœu j’exaucerai. »
« Je veux que tu me fasses voyager
Loin, loin dans de lointaines contrées
Mais sans pour autant
Me bistourner
Je veux voir d’autres cieux
Je veux voir ces pays d’émerveilles
Et revenir à mon fleuve
Où je flotte
Depuis tant d’années. »
Le Vent se demandait comment il pourrait
Réaliser ce vœu et respecter les conditions
du Nuage
Soudain il lui vint une idée :
« Je vais souffler sous toi
te supporterai
Nous irons visiter
des lieux à ce jour inexplorés. »
Et le Vent soutenant le Nuage
Partirent explorer de lointaines contrées.
Le Nuage ébahi, médusé, enchanté
En pleura de joie
Tellement
Qu’il en disparut
Le Vent, bouleversé
Devint violente
Tempête
et
Se perdit dans les profondeurs océanes…
~~~~~~~~~~~
Il ne faut jamais limiter ses rêves,
l’important étant de connaître ses limites.
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Un premier regard
Celui de tes yeux
D'eaux d'été
De larmes de mers
De désirs des attentes
Des promesses
De ciels bleus
Je suis femme bleue
Noyée
Dans un océan de voiliers
Submergée
De rêves
De fantasmes avoués
Que me réservent les dieux ?
Toi, doux-rêveur
Mon absence lunaire
Toi qui funambule sur les rêvasseries
Poète du geste et des mots
Sculpteur d'amour
Dès que ta main touche
La matière et mon rêve...
Qui es-tu ?
C'était le lieu, c'était la rencontre
Au bord du long Fleuve
Les grands voiliers faisaient la course
Tels des papillons aux ailes collées
Majesté des ondes
Vision en trompe-l'œil
Ou bien chimère ?
Vers moi tu es venu
Est-ce toi
Que j'attends depuis si longtemps
À mon appel as-tu répondu
Toi le poète sans âge
Le visage que tu as pris
Est-il celui de mon aimé ?
Je te vis depuis si longtemps
Je t'ai abandonné et puis repris
Au fil des attentes trop longues
Des espoirs évanouis
Et de l'illusoire espérance revenue
Et tu es là
Enfin !
Ce ne sont pas ses mots
ce sont les miens
ces mots qui reviennent
Depuis les temps immémoriaux
Malgré cette trop longue absence
ils me caressent encore
ils m'enveloppent comme jadis
de cette tendresse, de cette chaleur
elle n'a plus la même enveloppe
mais elle est encore mienne
l'extérieur n'est qu'illusion
ce n'est que le paysage de la vie
le cœur lui, est le même
le fil conducteur de ses incarnations
ces mots que je connais
car ils sont les nôtres
ils sont l'eau, l'air et le feu
Relire ses mots c'est revenir aux sources
C'est le lien avec l'Univers
Ses mots initiatiques sont l'essence de la vie
Mettre un voile sur ses yeux
Pour voir l'invisible
Car le cœur
Ne voit qu'avec les yeux abstraits
Baisser les yeux
Mettre un voile sur son cœur
Pour voir avec les yeux de l'âme
Plus profonde sera la découverte
Tout voir avec ces yeux
Ne peut être que merveille
Les yeux abstraits
Voient l'origine des choses
Ils savent traduire
L'âme de l'Autre
L'âme de la Nature
De la Bête
L'âme de la Mer
De la Terre
Les yeux abstraits
Savent ce qui est vrai
Perçoivent le mensonge
Reconnaissent La Vérité
Ils savent qui trompe
Qui dit les mots du cœur
Dénoncent l'intéressé
Révèlent l'amour et l'amitié
Ouvrent les portes de la générosité
De l'abandon
Aux sentiments sincères
Les yeux abstraits
Yeux du cœur
Yeux de l'âme
Voient l'invisible
Car tout est là
Ils regardent
Dans le tête à tête
Des âmes
Disent à mon cœur
Que tu es vrai
N'es pas mensonge
Que jamais le mal ne viendra par toi
Ils voient tout
Sentent tout
Me disent tout
Sur toi
La Nature
Les Hommes
La Terre
Écouter le calme
En soi
Ne plus souffrir des duperies
Que ne voient pas venir
Les yeux acquis
Déformés par la connaissance apprise
Perception faussée
~§~
Je te vois avec les yeux de l'âme
J'ai mis un voile sur mes yeux
Mon cœur a pris le voile
Pour mieux te voir
Te sentir et t’aimer
Je te vois avec les yeux abstraits
Et, ce que je vois
Est Beauté
L'Amour t'habite
Je regarde dans tes yeux abstraits
Et je t'aime !
À la nuit venue
Aux soirs de lunes bleues
Des étoiles en dentelles
Nous vous ferons d’autres bouquets d’étincelles
Pour oublier…
Au jardin de la mémoire
On a effacé le Temps
On a détruit l’Histoire
On a fait trop de mal à la Terre
Les Poètes des Origines se souviennent
Ils pleurent la beauté de la blondeur des chevaux
Montés par les femmes et les hommes des plaines
Survolés par les Anges de Chagall
La Poésie qu’ils ont semée à travers le Temps et les Pays
Ne périra pas, elle garde l’espoir des peuples…
Les Poètes ont la force du chêne, le cœur grand comme l’Univers…
Ils labourent les mots
Au rythme du battement des ailes des chevaux …
Et si tout recommençait
Et si l’été arrivait
Au lieu de se terminer
Serais-je plus heureuse
Je ne sais pas
Trois mois viennent de s’écouler
Le temps m’a glissé entre les mains
Comme ruban de soie
Il est temps de faire l’adieu
À mon fleuve, aux amis
Un autre départ se dessine
Un autre retour à la maison
Un autre automne qui se profile
Ici, il y a bien quatre saisons
Et par delà les hivers
Je penserai à mes étés
Regarderai les photos chères
De mon fleuve pour un temps abandonné
J’entourlouperai les anges
Pour qu’ils me portent à la saison
De mes humeurs seront vendanges
De grands bonheurs et de raisons
Et je quitte pendant qu’il fait encore beau temps
Pour garder jolis souvenirs
De ce pays que j’aime tant
Le soleil me rejoint pendant que j’écris, il me faut quitter parce que je commence à être éblouie. Une paix intérieure m’habite en ce moment même, la brise du fleuve vient jouer dans mes long cheveux de soie rouge… Je peux dire que je suis heureuse.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...